Saison de pâture - sortie au printemps
La nouvelle saison de pâture nécessite une bonne préparation.
Matthias Risch, Collaborateur scientifique
La première mise à l’herbe est toujours synonyme d’excitation pour les animaux et les humains. Avant d’ouvrir la porte de l’étable, l’ancien savoir paysan tient compte de la bonne phase de la lune, qui promet d’avoir un bétail tranquille pendant l’été. Dans l’agriculture moderne, il s’agit de bien plus que cela. La devise «Fermer la clôture, ouvrir la porte et c’est parti pour une course folle» ne suffit pas. Il faut du savoir-faire!
Avec système et stratégie
Au printemps, chaque exploitation doit d’abord se poser la question de savoir quel système de pâture il faut adopter – pâturage rationné, pâture sur gazon court, pâturage continu? Le système actuel fonctionne-t-il ou doit-il être optimisé? De plus, il faut trouver la stratégie adaptée à chaque groupe d’animaux (vaches laitières, vaches mères, génisses) – pâture à l’heure, pâture intégrale, pâture à l’alpage… Parfois, il vaut la peine de regarder plus loin que le bout de son nez ou de demander des conseils extérieurs pour que tout ne se passe pas toujours comme d’habitude – mais peut-être mieux?
Des onglons sains pour le pâturage
Il s’agit ensuite de prendre des dispositions concrètes pour que tous les animaux soient en forme pendant la période de pâture et le restent. Quelque temps avant la mise au pâturage prévue, il vaut la peine de jeter un regard critique sur les onglons. Les animaux qui passent l’été à l’alpage ou les vaches en pleine gestation ont absolument besoin de membres sains. Même les génisses qui ont passé l’hiver sur une litière profonde ou à l’attache peuvent déjà avoir des problèmes en raison d’onglons trop longs. Les longues pointes des onglons se cassent sur les terrains difficiles et provoquent de graves boiteries. Elles doivent donc être raccourcies avant la première mise au pâturage. Il faudrait aussi enlever modérément la corne en excès sur la sole et évider la cavité centrale. Pour que les vaches puissent marcher au pâturage sans boiteries, il ne faut toutefois pas trop tailler la sole, sinon le moindre petit caillou peut provoquer un point de pression.
Vers: focus sur les jeunes animaux
Les parasites gastro-intestinaux et les vers pulmonaires peuvent devenir problématiques en particulier pour les génisses qui passent leur premier été au pâturage. Les animaux plus âgés ont souvent déjà été en contact avec des parasites l’été précédent et ont donc pu développer une certaine immunité. L’objectif pour les génisses passant leur premier été au pâturage est de ne les exposer que lentement aux parasites afin qu’elles atteignent, elles aussi, une immunité sans tomber gravement malades. Pour cela, il ne faut pas les faire pâturer avec des animaux plus âgés et ne les laisser sortir qu’au milieu du printemps sur des prairies alors sèches. Une première coupe précoce permet de réduire la pression infectieuse en détruisant les larves qui ont passé l’hiver dans les pâturages. Les génisses ont ainsi un contact contrôlé avec les parasites, qui se renforce au fil de la période de pâture et favorise le développement de l’immunité.
Ces recommandations conduisent à la conclusion que les veaux dans les exploitations de vaches mères pourraient être particulièrement menacés par les parasites. En réalité, il existe des indices selon lesquels les veaux nés en début de saison sont protégés par le fait qu’ils se nourrissent principalement de lait. Leur consommation d’herbe n’augmente qu’au cours de la période de pâture. Mais les infestations de vers ne se produisent pas seulement régulièrement dans les exploitations de vaches mères. Que faire alors?
Traitement sélectif
Un traitement général de tous les animaux avec un vermifuge à longue durée d’action en vue de la mise au pâturage est aujourd’hui considéré de manière critique pour différentes raisons: il favorise le développement de résistances chez les parasites et met en danger les organismes du sol par les résidus de médicaments. Il a de très longs délais d’attente et empêche une immunité propre à l’organisme des animaux qui les protège toute leur vie. Les recommandations vont donc vers un «traitement sélectif»: on ne traite que les animaux qui en ont vraiment besoin ou chez lesquels l’infestation par les vers a été directement détectée, par exemple dans un échantillon de fèces. Ceux-ci bénéficient alors réellement d’un traitement antiparasitaire. La possibilité de mettre en œuvre une telle stratégie défensive dépend bien sûr aussi de facteurs extérieurs: Les animaux peuvent-ils être examinés et traités pendant la période de pâture? Quelle est l’intensité de la pression infectieuse dans les prairies? Quelle est la condition de base des animaux après l’hiver? Pour trouver une stratégie antiparasitaire judicieuse et adaptée à votre exploitation, votre cabinet vétérinaire est le meilleur interlocuteur.
Attention lors du changement de fourrage
Dans de nombreuses exploitations, la sortie au pâturage au printemps est synonyme d’un changement d’alimentation brusque: le fourrage d’hiver de l’année précédente s’épuise et la jeune herbe pousse dans les prairies. Les vaches risquent de souffrir rapidement de troubles digestifs et de lésions des onglons à long terme si elles consomment de grandes quantités de cette herbe riche en nutriments. Les risques varient en fonction du stade de végétation: la toute première pousse est souvent encore pauvre en trèfle, mais contient des graminées riches en potassium et en sucre. Il y a un risque de carence aiguë en magnésium et de tétanie d’herbage (cf. encadré).
Toutefois, si la pâture ne peut commencer que tardivement lors de printemps humides, la part de trèfle augmente de manière significative. Si les animaux ingèrent alors en peu de temps non seulement beaucoup d’énergie et de sucre, mais aussi du trèfle riche en protéines, cela entraîne, entre autres, des météorisations. Deux importants principes doivent donc être respectés:
- Ne pas mettre les vaches affamées au pâturage. Avant la sortie, distribuer encore du fourrage de la ration d’hiver.
- Passer progressivement à l’affouragement en vert, par exemple en ne faisant pâturer les animaux que pendant quelques heures, et ne pas passer de 0 à 100%.
Cette méthode nécessite parfois de la patience et de la conviction. Souvent, les animaux ne veulent plus manger à l’étable, mais se précipitent à l’extérieur. La distribution d’un foin riche en structure et de bonne qualité aide pourtant les microbes de la panse. Il freine le transit intestinal de l’herbe fine des pâturages, stabilise le pH de la panse grâce à la rumination régulière et améliore ainsi la conversion alimentaire. En effet, seule une transition lente permet à la flore ruménale de s’adapter de manière adéquate au nouveau fourrage.
Le magnésium est indispensable
Il en va de même pour la tétanie d’herbage: mieux vaut prévenir que guérir. L’approvisionnement en magnésium doit donc être assuré. Les minéraux courants en Suisse contiennent du magnésium en quantités suffisantes pour l’entretien régulier et la production de lait. Au printemps, il est toutefois conseillé d’augmenter l’apport en magnésium. Le plus simple est d’augmenter la quantité de minéraux «normaux». Mais il existe aussi des préparations ou des mélanges de minéraux particulièrement riches en magnésium.
Lutte adéquate contre les insectes
Dès qu’il fait plus chaud, les insectes font leur réapparition dans les pâturages. Ils sont aussi souvent synonymes de grand stress et peuvent transmettre des maladies. En plein été surtout, les mesures de protection contre les mouches piqueuses, les taons et les tiques sont un soulagement pour les animaux au pâturage. Il faut les planifier et en tenir compte dans le plan de rotation, de sorte que les surfaces proches de la ferme puissent être utilisées pour une pâture nocturne pendant cette période et que les animaux puissent être rentrés à l’étable durant la journée. Les insecticides peuvent également offrir une protection supplémentaire contre les insectes. Toutefois, les préparations à répartir comme Insekt Blocker Plus® agissent pendant quatre à six semaines en fonction des conditions météorologiques. Ce sont surtout les fortes pluies qui les lavent, de sorte qu’il faut traiter à nouveau. Les fabricants de marques auriculaires contenant des insecticides (par exemple InsektEx Ear Tag®) promettent une protection plus durable contre les insectes gênants. Plus le traitement est effectué peu de temps avant la sortie des animaux du pâturage, plus l’effet des préparations est durable.
Vaccination recommandée
L’été dernier, le virus de la langue bleue a circulé en Suisse, comme dans les pays voisins. Les expériences faites à l’étranger montrent que les foyers peuvent parfois être nettement plus importants les années suivantes. Une immunisation de base contre le virus peut être obtenue en vaccinant les animaux deux fois entre janvier et mars, à intervalle de trois semaines. Les éleveurs qui envisagent de vacciner leurs animaux devraient contacter dès maintenant leur vétérinaire afin de mettre en place une protection suffisante avant le début de la période de pâture.